Week end à Ko Sichang

Ko Sichang, c’est si schön

Ko Sichang, comme son « Ko » l’indique, c’est une île, probablement la plus proche de Bangkok. S’y rendre ne prend en tout cas que 3h30 de bus + raffiot, ce qui est plutôt une bonne opération compte tenu du dépaysement offert (et du fait que tout le trajet jusqu’à Si Racha s’effectue sur une seule et même rue/route, probablement la plus encombrée de tout le pays : Sukhumvit Road).

Au premier abord, pourtant, Ko Sichang ne paraît pas si schön ; il faut dire que cette partie du Golfe de Thaïlande, au large de Si Racha, est légèrement encombrée de vieux et néanmoins énormes bateaux à grues qui ont l’air de rouiller là rien que pour faire moche, mais qui apparemment constituent la principale plate-forme de redistribution de marchandises du pays pour ce qui concerne la voie maritimo-fluviale. Comme il y en a un peu des centaines qui trouent le bleu à perte de vue, l’effet est pour le moins saisissant.

Amateurs de paysages d’apocalypse industriel, bonjour.

(Bonjour Olive, donc.) (Et au revoir copies à corriger et autres menus travaux à dimension professionnelle – qu’il me suffise de dire que, comble de la pensée magique, l’ordinateur portable avait été glissé dans les bagages pour ce week-end – dans la mesure où sitôt arrivé, Monsieur s’est donné pour objectif de photographier comme il se doit – c’est-à-dire de pas très haut* – ces montagnes de ferraille à tentacules…)

Et pourtant, pourtant… Ko Sichang c’est aussi :

  • Une ancienne résidence royale, où not’bon roi Chulalongkorn, le grand-père de not’bon roi actuel, s’était fait aménager un parc un peu à l’européenne, avec succession de terrasses, balustrades en pierre et bassins artificiels dans les coins, le tout ménageant des vues superbes sur la mer. Le clou du spectacle était autrefois le palais en teck doré, autoproclamé le plus grand du monde, qui trône désormais au parc Dusit à Bangkok sous le nom de palais Vimanmek (on croit que ce sont les Suédois qui ont inventé la vie en kit, mais en fait non. Et puis au moins, les maisons tradi thaïes, elles, se REMONTENT après démontage…). Maintenant, c’est plutôt la profusion des frangipaniers et autres arbres à fleurs, le contraste presque violent des couleurs, et l’atmosphère un peu magique des fumées de l’encens offert à la mémoire de feu l’illustre propriétaire des lieux.

  • Un temple chinois du genre énorme, qui occupe à lui tout seul un bon flanc de montagne. C’est blindé de monde, et on ne comprend rien à rien : mais qui est ce singe au béret de capitaine qui semble faire l’objet d’une vénération toute particulière ?

Mais pourquoi font-ils donc exploser ces séries de pétards aux bras de cette croix – mais déjà pourquoi une croix ? – toutes les minutes que le Bouddha fait ?

Et d’ailleurs, speaking of Buddha, pourquoi le leur est-il si… différent ?

Et quelle peut bien être la teneur de ces messages laissés à grands frais dans cette grotte (j’ai vu des grosses poignées de billets de 100 changer de main pour quelques bandelettes)…

… ou bien gratuitement sur les feuilles de ce drôle de cactus ?

MAIS on ne peut qu’admirer la beauté un peu bling et pourtant pas dépourvue de délicatesse de l’ornementation à la chinoise.

Et l’ingéniosité de ce funiculaire en forme de bateau !

Ah oui parce que j’ai peut-être omis de le signaler, mais à Ko Sichang les pentes sont raides, et le soleil cogne dur en cette saison (comme partout en Thaïlande vous me direz). On a voulu faire les malins et se farcir le chemin de procession pour atteindre la Buddha’s footprint en haut de la colline, eh ben on était plus morts que vifs en arrivant. Et bien dépités de constater que la chose était en fait desservie par une route, donc qu’on aurait pu y parvenir à tobylette…

  • De la bonne route pas trop mondue pour faire de la tobylette en presque toute sécurité, justement…
  • … Et parvenir à cette bien belle plage de Haad Tham Phang, un peu mondue, elle, du fait que c’est la seule de l’île, mais vraiment chouette au coucher du soleil, du genre à déclencher des envies d’artistiquerie chez le moins féru de photographie des quidams (mettons mézigue), d’où cette petite série que je tiens – en toute modestie – pour ma Cathédrale de Rouen personnelle (attention c’est un peu longuet, même si PAS DU TOUT redondant…) :

  •   Des paysages presque méditerranéens, rapport peut-être à la végétation aussi basse que flamboyante, et au contraste mer/montagne très accentué :

  • De la seafood en veux-tu n’en voilà (les fins connaisseurs de nos régions auront reconnu le « n' » sarthois), avec notamment ce bon bar au gingembre et citron qui n’a pas fait long feu dans sa potiche…

… et cette mémorable platée de crabe dont je ne peux même pas montrer de photos tant je lui ai bien vite cassé la figure, laissant derrière moi un grand champ de bataille alimentaire dont je préfère épargner la vision aux âmes sensibles.

  • Un marcassin peu farouche, sur lequel nous terminerons tant il incarne bien la sympathique étrangeté de l’île :

(Et faute d’une meilleure idée de conclusion, aussi, il faut l’avouer)

(si ce n’est : »Ko Sichang, ne bouge pas, on r’viendra ! »)

(Et peut-être que d’ici là j’aurais appris à faire des photos sans sucrer les fraises en même temps, ça nous reposera l’œil, non ?).

* Voir l’incontournable et wunderbar La Terre vue de (pas très) haut, fournisseur officiel d’images qui font rêver : http://guilminou.blogspot.com/